Croisière à la voile en Galice, navigation de la frontière du Portugal à La Corogne
Lord Jim a complété son programme de croisières à la voile en Bretagne et Mer celtique par des croisières en Galice, qui nous mènent au départ de Brest, de l’autre côté du Golfe de Gascogne. Mettre les voiles vers la Galice donne toujours le sentiment de partir pour un grand voyage à la voile. La Galice et la Corogne à la voile est en effet souvent la première étape de la boucle Atlantique, cette navigation qui sent bon l’aventure, les bougainvilliers de Madère, les poissons volants des alizés sous les tropiques, et qui se termine par un dessin laissé comme trace de son passage, sur les quais de Horta aux Açores.
Mais la Galice trop souvent méconnue pas les marins, mérite que l’on s’y arrête. C’est une destination croisière où il faut prendre le temps de naviguer en s’enfonçant au fond des rias, pour se fondre dans ce pays, épargné par la plaisance de masse. On compare souvent la Galice à une Bretagne espagnole. Et il est vrai que l’on trouve beaucoup de rapprochements, tant sur le plan géographique qu’historique. Mais le dépaysement une fois sur place est total. Située à l’extrême ouest de l’Espagne, dotée d’un climat océanique qui contraste avec une Espagne sèche, la Galice a été longtemps, comme la Bretagne une région enclavée, bien loin de la capitale.
A l’ouest, une pointe s’avance dans l’océan, le Cap Finisterre. Ce Finisterre rappelle le nôtre. Les galiciens, comme les bretons revendiquent leurs origines celtes avec une fierté indéniable. On y entend encore largement parler le Gallego, bien plus que le breton chez nous. Cela participe à ce sentiment d’identité bien marqué. Adolescent j’ai eu l’occasion de découvrir cette région au cours d’un échange scolaire. Je me souviendrai longtemps de ce repas de famille dans un village proche de Vigo. Tout le monde, des arrières grands parents aux petits enfants n’ont parlé que le galicien… Soit dit en passant, l’accueil est des plus chaleureux chez les galiciens. Des années plus tard, en repassant dans le coin, j’ai retrouvé ces gens et j’ai été accueilli à nouveau, comme nulle part ailleurs!
Le centre de La Galice, se compose de paysages de petites montagnes. A l’ouest l’océan Atlantique et au nord le golfe de Gascogne, ou “mar cantabrico” bordent ces côtes qui abritent de nombreuses baies ou “rias”, offrant autant d’abris aux navires de pêche. Poissons et fruits de mer constituent une part importante des ressources de la communauté, et ont fait la réputation de la cuisine galicienne. La navigation de plaisance s’est-elle très peu développée. Pourtant, les côtes de Galice offrent des spectacles à couper le souffle, les abris sont nombreux et les escales ont du caractère. Embarquez à bord de Lord Jim pour une découverte des côtes de la Galice.
Navigation à la voile de la frontière Portugal au Cap Finisterre « Cabo Finisterre »
La Galice et le Portugal ont pour frontière naturelle le Rio Minho, un fleuve que l’on peut remonter sur quelques milles. Un lieu d’escale entre deux régions qui ont bien des liens entre-elles. Cela se ressent entre-autres au niveau la langue, où l’on retrouve dans le parler galicien, cette douceur, ce côté maternel, douceur un peu mélancolique de la saudade portugaise. En quittant le Rio Minho vers le nord mettons les voiles pour partir à la découverte des Rías Baixas (en galicien) ou Rías Bajas (en castillan) qui sont l’ensemble des rias de la côte ouest de la Galice, au sud du Cap Finisterre.
La ria de Vigo, la plus au sud, est bien protégée par les iles Cies, réserve naturelle où l’on peut jeter l’ancre, bien abritée de la houle d’ouest, devant de magnifiques plages de sable. La Plage de Rodas, sur l’île de Monteagudo, a été élue « plus belle plage du monde” en 2007 par le journal britannique The Guardian.
Juste à l’entrée de la ria, le port de Baiona, surmontée de la forteresse du Parador, est une très jolie escale, abritée et charmante. Le village et ses petites rues pavées de granit sont très agréables.
En naviguant vers le nord, le choix des escales et des mouillages ne manquent pas : Ria de Pontevedra, Arosa, Muros et Noya. Nous arrivons dans la ria de Corcubion, bien protégée par le Cap Finisterre, où l’on trouve une multitude de mouillages déserts et sauvages. Le petit port de Finisterre est une escale que j’aime particulièrement. Un port de pêche animé où, au lever du jour, les barques parfois minuscules et propulsées à l’aviron, envahissent la baie. L’image est alors saisissante, avec en arrière-plan les monts culminants à 600 mètres, bordant la ria à l’est.
Dans le port de Finisterre on croise nombre de pèlerins arrivés jusqu’ici à pied des 4 coins de l’Europe. Après Saint Jacques de Compostelle, de nombreux pèlerins poussent la “balade” jusqu’au Cap Finisterre. Là, ils jetaient leurs vêtements du haut du Cap qui culmine à 250 mètres au-dessus de la mer, autrefois “fin de la terre connue”. Les rencontres sont surprenantes. Certains, pris dans le rythme de la marche, décident de rentrer à pied chez eux, comme cet écossais accompagné de son âne, que j’ai rencontré à ma dernière escale dans ce charmant petit port.
Une soixantaine de milles, du Cap Finisterre à la Corogne : La Costa de la Muerte
La “Côte de la mort”, c’est le nom est un peu « rude », donné à la côte Nord-ouest de la Galice. Il est vrai qu’en hiver, lorsque les grosses houles viennent frapper les hautes falaises, le spectacle est quelque peu apocalyptique… Entre Le Cap Finisterre et La Corogne, deux rias cependant offrent un très bon abri de relâche: Camariñas et Corme. Ces deux petits ports de pêche sont sympas et l’accueil est des plus chaleureux. En face du port de Camariñas, on profite de la balade jusqu’à la Punta da barca et son église qui fait le dos rond face aux assauts de l’océan. Cette partie de La Galice est également la région idéale pour goûter les percebes ou pousse-pieds que les “percebeiros” arrachent au bas des falaises battues par les vagues.
Nous poursuivons notre navigation vers le nord. Les îles Sisargas apparaissent face au cap San Adrian et à l’Hermite San Adrian. Nous mouillons sur fond de sable dans le sud, entre les îles de Sisargas Grande et la isla Chica pour une petite escale sauvage, et nous grimpons jusqu’au phare qui culmine à 110 mètres au-dessus de la mer. Quand un beau coucher de soleil est de la partie, le spectacle est à couper le souffle! Le petit port de Malpica et son village accroché à la falaise est juste à quelques milles et peut être une escale bien pratique. On continue la route sur une petite vingtaine de milles pour arriver à la Coruña!
La tour d’Hercule à l’entrée de la ria de La Corogne
La ria de la Corogne, principale ria des Rias Altas (rias hautes), est repérable de loin grâce à son phare mythique : La Torre de Hercules, ou Tour d’Hercule. Depuis 2000 ans, ce phare diffuse sa lumière vers le large pour indiquer aux marins l’entrée du port de la Corogne. Construit par les romains, c’est le plus vieux phare au monde encore en activité, il a été restauré en 1790 et rehaussé pour atteindre 55 mètres. Y monter est possible et l’on peut se rendre compte de l’importance de la tour qui pourrait rappeler celle d’Alexandrie!
La Corogne (A Coruña en Galicien) est la ville la plus importante de Galice. La ville s’appelait auparavant Brigantina. Au XIIe siècle elle est renommée « Ad Columnam » (La colonne) en référence au phare.
Une fois n’est pas coutume pour Lord Jim, l’escale à La Corogne se fait à la Marina Royal (s’il vous plait…). En plein centre, ce port de plaisance donne sur une place aux immeubles datés de la fin du XIXème, aux façades couvertes de galeries vitrées. Certaines font plus de vingt-cinq mètres de long, d’autres sont ornées de vitres polychromes et l’ensemble constitue le plus grand ensemble de galeries vitrées au monde. En s’enfonçant dans les petites ruelles on découvre de jolies places, des parcs et toute la vie des petits bistrots et restos. C’est là que l’équipage de Lord Jim fait le chargement de victuailles à rapporter au pays : petits piments de Padron à faire frire, empanada gallega ou galette fourrée à la tomate oignons et thon, fromages succulents, chorizo et jamon iberico bien sûr. Mais pour le moment, nous profitons de la gastronomie dans la multitude de petits bistros à tapas et restos à l’ambiance si particulière.La cambuse est bien garnie, il est temps de reprendre la mer pour retraverser le Golfe de Gascogne à destination de la Bretagne. Nous laissons la cité de La Corogne dans notre sillage, mais La Galice n’a pas encore révélé tous ses charmes… Nous partirons à la découverte des Rias Altas, ou ria du nord, dans un prochain article.
A bientôt !