Vélo bateau, de Redon à Ouessant
Voici un projet que j’avais dans un coin de la tête depuis quelque temps : embarquer mes filles dans un périple à vélo le long du canal de Nantes à Brest, puis partir à bord d’un voilier pour rejoindre une des îles de l’Iroise, Sein ou Molène peu importe. Vélo bateau en quelques sortes. Deux moyens de locomotions doux, lent et écolo, qui, pourvu qu’on prenne le temps, peuvent nous amener loin. Et c’est chose faite, et tellement bien faite que j’ai eu envie de prendre la plume pour vous raconter ce périple vélo bateau pas ordinaire.

Vélo Bateau, au départ de Redon
Nous arrivons à Redon, les vélos dans les soutes de l’autobus et calons nos affaires tant bien que mal dans les sacoches surmontées de sacs qui tiendront on l’espère jusqu’à la prochaine étape. Julie, 14 ans, est peu enchantée de quitter ses copines. Enora a 11 ans, elle est remontée et impatiente de se mettre en route. Après un passage dans un atelier vélo associatif « trop sympa » et une révision rapide des montures, nous partons à un bon rythme sur le chemin de halage qui longe le canal de Nantes à Brest. Les écluses s’enchaînent, les biefs se suivent et ne se ressemblent pas. Le chemin monte très légèrement mais les kilomètres s’avalent aisément. Quelques belles péniches sont garées le long du canal. Vélo bateau, voilà bien le thème de ce périple ! D’ailleurs j »apprends que “bateau” est bien le terme approprié. On parlait bien du métier de bateleur, en mer il faudrait dire « navire » c’est paraît il plus approprié que bateau. Pour nous ce sera tout de même « vélo bateau…. Les rôles se sont inversés pour les filles, Julie cavale à toute berzingue, Enora traîne un peu de la pédale. Mal aux fesses avec une selle pas adaptée. Nous en changerons une à Pontivy. Pique nique aux écluses, sieste et c’est reparti. Parfois une petite guinguette est bienvenue, le temps d’un petit verre, partie de carte ou de pétanque. Et c’est reparti !

Le bief à bord d’une péniche
Jusque là nous avons bien vu des « péniches » en route sur le canal. Plutôt des trucs moches modernes. Mais en arrivant à une écluse en fin d’après-midi, nous tombons sur une coque en acier riveté qui s’apprête à passer les portes de l’écluse. Nous discutons avec les bateliers, super sympa. Ils nous expliquent qu’ils font le voyage jusqu’à Pontivy pour « pousser la vase » en quelque sorte. Car un canal peu fréquenté à une tendance à s’envaser. Le lendemain, passé Josselin après une nuit au camping, nous retrouvons notre péniche. On les double et on arrive à l’écluse suivante. Enora et Julie se préparent aux manivelles pour fermer les lourdes portes après l’entrée du bateau dans le sas, sous l’œil attentif et sympathique de l’éclusier. Et belle surprise : une fois les portes fermées, Jean-Paul le capitaine de la péniche nous propose de faire un Bief à bord. On embarque les vélos, et c’est parti. Le vieux moteur Baudouin 40 chevaux poussent les 30 tonnes tranquillement sur le canal. Un peu de repos des jambes pour les « chicas » et une sensation d’être trop chanceuses, de vivre un petit bout de la vie de batelier. Puis nous reprenons le chemin. A coup de pédale, écluse après écluse, nous arrivons à Pontivy, puis port de Carhaix. Les filles ont pris le rythme, et c’est une déconnexion totale que nous vivons. Les bateaux se font beaucoup plus rares. Mais nous savons que nous sommes attendus à Brest pour la deuxième étape de cette virée vélo bateau.

Brest départ pour les îles
Port du Moulin Blanc à Brest, nous rencontrons Yann, le skipper du Lord Jim. C’est un ami qui m’en a souvent parlé. Il garde un souvenir extraordinaire d’un voyage à la voile jusqu’au Cap Vert via Portugal, Maroc et Canaries. Il m’a dit : « tu peux y aller les yeux fermés ». Yann nous accueille et nous met à l’aise. Son bateau est superbe, on sent qu’il a l’âme des grands voyages. Nous mettons les voiles pour une navigation vers les îles. Nous hissons même le spi, grande voile rouge en forme de ballon. Nous filons dans le goulet poussés par le courant et un vent plutôt doux. Yann nous laisse la barre et prend le temps d’expliquer le vent, la mer, les anecdotes sur chaque rocher et bigorneau en vue. Là, sur bâbord le rocher du capucin dont la silhouette apparaît très nettement. Nous passons ensuite au milieu des roches des tas de pois. Impressionnant ! Le soir nous faisons escale à Ouessant, en baie de Lampaul. Et demain, nous louerons des vélos pour un tour de l’île, et oui, la vélo bateau continue même ici ! La traversée de l’archipel de Molène suivra, avec une merveilleuse escale sur l’île et la ferme de Quémenes, ou nous rencontrons les fermiers, Amélie et Etienne et leur jeune fiston. Décidément , cette vélo bateau nous réserve bien des moments inattendus.




On retiendra de cette virée vélo bateau :
On gardera de tout ça un merveilleux souvenir d’une parenthèse qui nous aura rapproché. Ces moments au contact de la nature, le vert des arbres du canal au bleu de la mer d’Iroise, cette vélo bateau a été un plein de moments authentiques, simples et magnifiques. Et cela nous a donné l’envie de continuer plus loin, sans les vélos cette fois, mais avec le bateau, à bord de Lord Jim avec Yann, traverser la Manche et aller visiter l’archipel des Scilly qui paraît il est une petite pépite.
