Croisière Bretagne Nord, de Brest à Pontrieux
Embarquement imminent !
Enfin nous voici tous réunis, heureux de nous retrouver et de pouvoir mettre les voiles. Les restrictions dues au covid nous ont empêché de réaliser le programme de croisières à la voile du mois d’avril et une furieuse envie de naviguer se fait sentir ! Alors les fauves sont libérés : on va naviguer ! Au programme : croisière Bretagne Sud, initialement prévue pour rejoindre la Semaine du Golfe. Celle-ci n’ayant finalement pas lieu, nous avons tout de même prévu avec d’autres capitaines de navires professionnels de nous retrouver pour un rassemblement en « off ». Et c’est une croisière Bretagne Nord qui pointe son nez…
Appareiller de Brest, par coup de vent de sud ouest
Pas mal d’habitués ont posé leurs sacs à bord pour cette navigation, Gérard, Sylvaine, Marc, Claude, Bruno, mais il y a aussi Dominique qui met le pied à bord pour la première fois. Un vrai temps brestois accueille tout ce petit monde. Coup de torchon de sud ouest et grosse flotte : c’est la fête ! Si le moral de l’équipage n’a pas l’air entamé, on laisse volontiers la matinée passer, bien à l’abri autour du carré, avant d’envisager enfiler un ciré…
Puis, quand faut y aller… faut y aller. Veste de quart, gilet et longe capelés, nous entamons la manœuvre d’appareillage. « Avant sur garde » tonique pour nous extirper du ponton sur lequel le vent nous plaque. « Larguez devant ! » et hop c’est parti. « Propic » comme on dit dans le Finistère.
Encore à l’abri du quai nous hissons la grand voile à 2 ris ainsi que la trinquette. Largement suffisant au vu des prévisions et du niveau sonore des sifflements dans les gréements. A peine doublé le musoir, la mer est déjà formée et c’est au près serré musclé que nous entamons cette saison de navigations.
La rade de Brest, notre premier bassin de navigation
Dans de telles conditions météorologiques, nous bénissons la rade de Brest qui nous permet tout de même d’envisager les navigations et la croisière. Cette rade bien à l’abri de la forte houle qui se déchaîne sur la pointe bretonne. Nous tirons des bords donc pour nous extirper de l’Elorn. Puis, une fois doublé la pointe de l’Armorique nous abattons, choquons les voiles. Jim prend de la vitesse tout en se montrant nettement plus confortable. Pas une autre voile visible sur le plan d’eau, le soleil perce les nuages noirs et fait éclater les couleurs. Pas de regret, je crois que personne n’échangerait sa place, pour rien au monde !
Nous naviguons en remontant la rivière de l’Aulne. Plus nous remontons, plus le calme revient. Bien protégés par les hautes berges arborées. Après une escale sous le moulin à marée du Vivier pour le « Tea Time » nous déhalons et venons mettre l’ancre devant la cale de Landevennec.
Le dinghy est gonflé et nous débarquons pour cette première escale de cette croisière en Bretagne. Balade vers la vieille abbaye et, ho miracle, sur le chemin du retour nous nous arrêtons boire une bière ou cidre pression au bistrot. Il faut bien comprendre que ceux-ci étaient fermés depuis belle lurette et que les terrasses ont tout juste le droit d’ouvrir depuis aujourd’hui… ha quelle est bonne cette première gorgée !
Les oignons rosés frémissent dans la gamelle, ce soir c’est bolo ! Bien méritée après cette entrée en matière épicée !
Mettre le nez dehors, cap sur Douarnenez !
L’ancre est virée au petit matin, et nous profitons du jusant pour quitter la rade de Brest. Le temps est plus maniable même si la houle reste conséquente. Bruno est tout sourire… tu m’étonnes : la dernière fois qu’il est venu à Brest pour embarquer sur un programme Irlande, il s’est cassé la clavicule en chutant sur le ponton avant le départ. Alors il y a un petit parfum de revanche ! Un nouveau coup de vent est prévu pour la nuit. Nous gagnons Douarnenez pour nous mettre bien à l’abri au Port Ruz dans le Port Musée. Nous nous amarrons à couple du Yawl classique « Skiff » patronné par Géraldine… toujours des têtes connues dans ce port, avec qui partager un verre et visiter quelques navires de caractère. Tout l’équipe profite bien de cette citée face à l’île Tristan. Petit tour côté ouest pour goûter à l’ambiance du Rosmeur avec escale obligée à la terrasse du café de la Rade, flâner dans l’antre du Chasse Marée et de ses trésors livresques, sentir l’odeur des copeaux de chêne aux ateliers de l’enfer, l’odeur du goudron de Norvège qui émane du lougre Grayound en armement avant d’appareiller pour la mer du Nord …
Passer le raz de Sein par vent de sud ouest, ou pas…
Une fenêtre correcte est annoncée, bien que tonique, pour passer le raz demain. L’idée est de passer à l’étale, en fin de jusant, avec un vent sud ouest de 15/18 nœuds de 2.5 mètres de houle de sud ouest… Mais une fois doublé le cap de la chèvre, ça remonte à 25 nœuds, 30 dans les claques, le BMS est revu à la hausse. Alors c’est décidé : nous laissons porter et mettons cap au nord. Ce sera une croisière Bretagne Nord ! Pleine balle nous embouquons le chenal du Four puis ce sera une entrée à l’Aber Wrac’h de nuit et faire relâche dans ce havre avant de naviguer vers l’est.
Et ce sera une croisière Bretagne Nord
Décidément, la météo reste musclée. Cette nuit, ça a piaulé sévère ! Aucun regret d’avoir changé de programme de navigation. Nous serons mieux sous le vent de la côte. Jim sort du chenal jusqu’à la bouée du Libenter en essuyant des claques à 35 nœuds. 2 ris et trinquette, nous glissons sur la grosse houle vers l’île de Batz, entourés de vols de fous de Bassan dans des lumières sauvages. Basse plate, chenal de Batz, nous laissons le port de Roscoff sur tribord avant de remonter la rivière de Morlaix. Passé la villa belle époque de Nina Ricci puis les chantiers navals, nous empruntons l’écluse avant de nous amarrer dans cette ancienne cité d’armateur à la course. Et oui, quand le temps est rude, rien ne vaut la sérénité d’une rivière après une navigation vigoureuse. Et nous sommes encore que début mai, la température baisse franchement avec la nuit. Nous allumons alors le poêle du bord qui réchauffe l’atmosphère intérieur.
Navigation en baie de Morlaix et crêperie clandestine
Derniers jours de navigation pour Claude et Dominique qui débarqueront à Roscoff. Marie-France et Yves, eux, embarqueront demain. Et oui, le changement d’équipage qui devait se faire du côté de Vannes se fera à Roscoff, tout s’est réorganisé sans souci. Mais la marée n’attend pas et encore moins les écluses, et c’est avant le levé du jour que nous effectuons le sas qui nous descend au niveau de la mer. La rivière se réveille à peine, nimbée de brumes, les hérons nous regardent glisser vers l’embouchure. Le froid pique sérieusement les doigts. Encore un petit mille nautique et nous prenons un coffre bien abrité sous la maison de gardien de phare de l’île Houët. Un bon petit déj’, bien au chaud dans le carré : une certaine idée du luxe… Les mains se réchauffent sur les mugs fumants. Les visages rougis, la conversation va bon train. Ce soir c’est Roscoff, mais avant, nous avons le temps de tirer des bords en baie de Morlaix, de l’île Callot au plateau des Duons. Et au soir, bien amarré au port de Bloscon, les tavernes étant toujours contraintes à la fermeture covid, nous allons nous mettre au chaud dans la maison en paille du capitaine. Le Bilig y est toujours à poste et c’est une fameuse soirée crêpes qui nous attend !
Demain, nous dirons au revoir à Claude et Dominique, et accueillerons les nouveaux équipiers, avant de poursuivre notre périple croisière Bretagne Nord à la découverte du Trégor.
A suivre…