Formation chef de bord 2021


Chaque saison, nous proposons cette formule de Formation chef de bord Côtier pour celle et ceux qui ont pour objectif passer du rôle de simple équipier à celui de skipper.
Cette formule sur 12 jours a rencontré un succès qui ne fait que croître. Le choix a très vite été fait de fonctionner à deux voiliers et deux formateurs sur des navigations en escadre qui se sont avérées très sympa, tant sur le plan pédagogique que sur le plan humain.
En 2021, nous avons choisi de travailler avec Camille, formatrice professionnelle installé à Brest depuis peu. Nous nous étions rencontrés à Ouessant il y a quelques années, alors qu’elle était formatrice de moniteurs et monitrices aux Glénans et responsable de la base de la Rochelle. Son professionnalisme et sa personnalité avait retenu mon attention. C’est tout naturellement que nous lui avons proposé de travailler ensemble sur cette formation.
L’escadre était donc composée de Lord Jim2 et de Nanuk, un RM orange pétant tout juste sorti d’un refit. Quatre stagiaires sur chaque navire, et en avant la musique!

La formation Chef de bord 2021


Nous sommes partis de Brest et avons sillonné les côtes, îles, et rivières de la mer d’Iroise, et de Bretagne sud. Avec ces deux voiliers aux performances proches, nous avons eu droit à un mélange d’apprentissage studieux et de franches rigolades. Chacun chacune est reparti avec dans son sac un sérieux bagage de connaissances et d’expérience.
Ophélie, le dernier jour nous livre ces impressions :
« Avant cette formation, j’appréhendais fortement les manœuvres de port et me
demandais comment gérer une croisière avec mes proches…Je repars avec les
outils, les apports et des situations de référence pour choisir mes conditions de
navigation et me sentir plus à l’aise avec l’équipage. J’ai hâte de mettre tout
cela en pratique »

La Formation chef de bord en pratique :


Chaque session a ces particularités car nous adaptons le programme à la météo et
aux attentes des participant.e.s. La priorité étant mise sur la progression, nous privilégions les navigations relativement courtes en distance pour multiplier les mises en situation et les manœuvres. A l’issue de la première semaine, chaque participant endosse le rôle de
chef.f.e de bord sur des navigation complètes. Appareillage, sortie de port et chenaux, navigation, approche, accostage, communication avec ses équipiers… Cette dernière est suivie d’un debrifing qui profite à chacun. Aux escales, nous rassemblons régulièrement les deux équipages pour partager expériences individuelles et collectives, et préciser la suite des apports.

la carte marine reperage


Voici un aperçu du déroulé le la Formation chef de bord du septembre dernier:

Jour 1 -Accueil et prise en main du Voilier

Après le report de la session d’avril, lié à la crise sanitaire, l’envie grandissante de
se retrouver sur le pont de Lord Jim et Nanuk s’est fait sentir. Cette longue période
d’attente a très vite animé les discussions des deux équipages réunis autour du carré
de Lord Jim en ce premier jour, au port du Moulin Blanc à Brest.
Petit tour de présentation et des attentes de chacun avant de démarrer par la gestion
des amarres et les manœuvres de port. ….Les manœuvres de port…
Autant commencer par lever quelques éventuelles angoisses de ce côté-là.
Nous reprenons donc les rudiments, trajectoire, inertie, demi-tour en espace
restreint, départ et arrivée sur un ponton. Faire connaissance avec son support,
voilà l’étape préalable, quelque soit l’expérience pour un.e capitaine qui arrive sur un
nouveau voilier.

Nous hissons ensuite les voiles pour que chacun reprenne ses
marques en conduite et manœuvres.
La Rade de Brest est le terrain de jeux idéal. A la barre, aux écoutes, aux manœuvres, acquérir immédiatement les bonnes habitudes. Cette première navigation nous amène le soir au Port du Château au cœur de Brest.

Jour 2 Conduite-Manœuvres : les repères et chronologies.

C’est du petit temps, vent de Nord Est 8-12 nœuds, ciel peu nuageux se découvrant.
Nous avons de la chance, l’Anticyclone nous « suivra » durant ces deux semaines et
nous permettra de multiplier les exercices que l’on ne peut pas toujours faire dans le
gros temps.
Nous rejoignons le Goulet de Brest sous spi, puis le vent prend sa petite pause de midi. Il
nous laisse à peine entrevoir le miroir lisse des eaux d’Iroise, pour nous souffler
énergiquement la suite : « Exercices de prises de ris ? » la mer se couvre de
moutons, cela ne se refuse pas.
Nous mettons en pratique les techniques du pilotage aux abords du Toulinguet, avec carte du SHOM, compas magnétique, la ficelle et le pilote côtier.
Pour finir nous révisons les différentes allures en baie de Camaret avec des objectifs
en progression. L’observation du second voilier, Lord Jim ou Nanuk amène nos
équipages à sortir régulièrement le nez du cockpit : « Ils ont viré ! On-y-va-parés ? »,
nos allers-retours sont courts et le rythme est soutenu. A Camaret, nous faisons escale : débriefing autour d’une petite bière ou d’un thé et un bon repas bien chaud !

Jour 3 La navigation : les documents et la liaison paysage-carte


Nous poursuivons les exercices d’appontage, arrivées et départs sur garde,
avant de préparer la navigation vers Lesconil avec passage du Raz de Sein. ETA
00h00. L’occasion de mettre immédiatement en pratique la navigation de nuit.
Lord Jim et Nanuk avancent et empannent simultanément sous spi pour arriver en
Baie d’Audierne. La navigation de nuit se prépare. Nous révisons les bases du RIPAM
et les feux de nuit. Le passage de la Pointe de Penmarc’h est salué d’un
grain, le contraste avec la navigation ensoleillé du jour est net. On adapte la voilure.
Tous les équipier.e.s n’apprécient pas ce geste céleste, car un léger mal de mer s’est
fait sentir. Les allers-retours à l’intérieur sont limités et l’importance d’une bonne préparation de navigation apparaissent clairement. Nous prendrons le temps le lendemain de revenir sur les ressentis de chacun et démystifier ce « mal de mer ». Loin d’être « un mauvais tirage au sort », mais plutôt un apprentissage sur soi et sur ses propres besoins en mer.
A 1h00 nous accostons à Lesconil, à couple à l’embossage.

Jour 4 Préparation d’une navigation et pilotage

Après, une séance de manœuvres de port aux catway, nous rassemblons les deux
équipages pour un bilan de l’étape passée et abordons la préparation d’une
navigation sur la carte. Le travail de repérage des différents amers et le lien entre la carte et le paysage se poursuit, désormais en parallèle de l’utilisation de l’électronique et de la cartographie numérique.
Appareillage donc et cap sur les Glénans. De nouveau sous spi, nous glissons entre les moutons et l’archipel. A l’approche des îles, nous balayons le paysage pour identifier les différents amers et cailloux tout en faisant le point par relèvement, alignement et/ou
croisement de ligne de sonde.
A 19h30 nous pénétrons dans l’archipel par la Pie, au nord de l’île Saint Nicolas et mouillons pour la nuit. Le calme, la clarté des eaux de l’archipel, et son sable blanc invitent à la débarque. L’annexe est gonflée en deux temps trois mouvements : balade et pot en terrasse de la Boucane au lumières du soir.

Jour 5 Communication et organisation des secours en mer

Jour 5 Communication et organisation des secours en mer
Avant de quitter le mouillage, nous nous rassemblons pour un cours sur les communications
VHF et sa fonction ASN, le rôle et le fonctionnement des MRCC (cross) du CCMM (Centre de
Consultation Médicale Maritime). Nous évoquons quelques situations types, et
détaillons les étapes de traitement d’une détresse en mer.
Nous appareillons en direction de Groix, toujours bord à bord, chaque équipage se prend au jeu de la
régate et affine les réglages et la trajectoire.
Le plafond nuageux descend et les stratus bas nous font cadeau d’une visibilité

réduite…et d’un soupçon d’humidité. L’engagement et l’enthousiasme teinte les visages de sourires
lorsque les deux voiliers sont à moins d’une longueur
l’un de l’autre.
Peut avant d’arriver à Groix, nous mettons en œuvre une première manœuvre de
récupération d’Homme à la Mer. Bon, il ressemblait plus à un pare-batte qu’à un homme, mais il fait bien
le job !

Jour 6 Repos de mi-temps puis procédure MOB

Une matinée off permet à chacun de prendre du temps pour se ressourcer. Quelques cumulus dans le ciel et le soleil apporte douceur de l’air et contraste de couleurs entre les roches et la végétation abondante. Au creux d’une crique ou sur les sentiers à vélo, chacun part découvrir l’île d Groix. Nous reprenons l’après-midi en décomposant les étapes de la manœuvre
d’approche et de récupération d’Homme à la Mer. Le vent est Sud et les
exercices s’enchaînent sous le vent de l’île.
Cette séance se poursuit par du pilotage et l’approche des chenaux de Lorient pour atterrir à Port Louis.

Jour 7 Réglages des Voiles


Le vent est plus faible ce matin, nous en profitons pour aborder les principes
d’aérodynamique liés aux différents réglages de voile. Nous formalisons une logique
simple pour complexifier par la suite : que regardons nous sur les voiles ? quelles
commandes pour régler creux et vrillage ?
Nous mettons le cap vers Port Manech en milieu de journée. Le vent d’Ouest bascule
au Nord et nous contraint à tirer des bords sous le vent de la côte…idéal pour voir
arriver les risées, et réguler à l’écoute de grand-voile. Le vent finit par tomber et un voilier en avarie moteur demande assistance. Lord Jim le prend en remorque vers le Belon. L’occasion de découvrir la manière d’établir correctement une remorque.
Nous remontons l’Aven. La quiétude de la rivière, la teinte orangée de ses
abords surmontée d’une multitude de pins, chênes et hêtres, au soleil descendant
nous laisse contemplatifs. Le moment est une gourmandise après l’enchaînement
des bords de près, et prend toute sa dimension avec un air de clarinette.
Nous nous amarrons à un ponton au milieu de la rivière, et quelques-uns n’hésitent
pas à piquer une tête pour aller récupérer les annexes du port. Quelques essais de
lancer de touline -bien utile cette technique apprise le premier jour- et c’est gagné.
« Alors, rive droite ou rive gauche pour prendre un pot ? » eh bien ce sera l’une puis l’autre !

Jour 8 Pas à pas : le rôle de chef.f.e de bord


Nous quittons notre lit et celui de la rivière au petit matin pour déjeuner au coffre à
Port Manech. Nous réalisons à nouveau les exercices de récupération d’une personne à la
mer, chaque stagiaire prenant à tour de rôle la direction des opérations. Les automatismes se mettent en place.
La navigation se poursuit avec la gestion de la route -sans gps- vers
Concarneau avec au passage un mouillage dans l’est de l’île de Raguenez. Nous utilisons toutes les techniques abordées auparavant pour effectuer des positionnements réguliers.

Jour 9 Météorologie : observer, comprendre anticiper

Nous prenons la matinée pour aborder la circulation générale et les principes
fondamentaux de météorologie. Les apports théoriques sont directement ramenés
à des situations concrètes : quels nuages observez-vous ? Qu’est-ce que cela
signifie ?
Quelles sont les sources d’information et comment préparer votre croisière côtière ou
hauturière ?

Jour 9 à 12 : Mises en situation de chef.f.e de bord


Chaque demi-journée est consacrée, à cette avancée de la formation, à la gestion
d’une navigation d’un point A à un point B par un.e « chef.f.e de bord ». Les skippers,
formatrice ou formateur, se mettent en retrait pour laisser l’espace à chacun de
prendre ses décisions, de les communiquer à l’équipage. Lorsque la difficulté est trop
grande ou amène un stress contreproductif, nous posons des questions, aiguillons,
conseillons. L’objectif étant de permettre à chacun.e d’aller au bout de la démarche de
préparation et suivi d’une navigation. Chaque passage est suivi d’un retour
individuel pour visualiser au mieux les points de progrès et les éventuels
besoins en pratique ou théorie.
Concarneau, Port Laforêt, Sainte Marine Sainte Marine, Loctudy, Lesconil : Autant d’étapes qui
permettent chacun à son tour de se lancer. Fin de journée, pause bien méritée avant de reprendre la mer pour une seconde étape de nuit : route vers
l’île de Sein. L’occasion pour nous d’aborder le fonctionnement des quarts et de pratiquer à
nouveau le balisage de nuit.

Escale à l’île de Sein


On sent que chacun a prit de la bouteille. La navigation est fluide, quelques communications VHF par les différents équipiers de quarts permettent aux deux voiliers de rester en contact et d’arriver en escadre à l’île de Sein à 6h. L’approche dans la nuit a conservé le mystère des contours précis de l’île et du phare de Men Brial. Le voile d’obscurité se lève et nous les découvre après quelques heures de repos. Un saut dans l’eau pour se réveiller ? La marée est basse et laisse affleurer au loin de grandes algues, les laminaires. Avec les courants des environs, on peut être sûr que l’eau ne sera pas trop chaude…
En attendant la renverse, nous débarquons et prenons le temps de parcourir l’île. Sa
faible altitude et ses étendues de sable clair lui confèrent une étonnante quiétude,
dans ce passage si redouté par mauvais temps qu’est le Raz de Sein.

Retour Brest et bilan de Formation

Nous repartons en direction de Camaret. Cours Mécanique et Électricité avec visualisation des différents organes et bonnes pratiques. Nous quittons le port langoustier de nuit -renverse de courant oblige- pour arriver en milieu de journée à Brest. Nous terminerons par un débriefing collectif et individuel sur ces 12 jours, et un bon resto !