La pêche à la voile lors d’une croisière à bord de Lord Jim 2

Au cours des navigations à bord de Lord Jim, nous avons le plaisir de récolter une partie de nos victuailles. Lieu jaune, bar, maquereau, thon, mais aussi algue, crevette, araignée voire même un homard surnommé le « petit bleu », se retrouvent régulièrement dans nos assiettes. La pêche en mer et la recherche de ce « butin » ne guide pas notre voyage, mais savoir mettre une ligne de pêche à l’eau au bon endroit et au bon moment pour rapporter le repas pour tout l’équipage, est un vrai plaisir. Allons un peu voir notre pêche à la voile durant ces croisières, qui mènent le voilier Lord Jim de La Galice jusqu’en Irlande, en passant par les îles Scilly… sans oublier la Bretagne !

La pêche à la voile au maquereau, un grand classique

Les croisières à la voile organisées par Lord Jim sont proposées au départ de Brest. Comme le maquereau, nous sillonnons donc en permanence les zones de navigation de la Bretagne Nord, de la Bretagne Sud et de la Mer d’Iroise. Dès le premier jour d’une croisière, une fois quitté les quais du port du Moulin Blanc à Brest et la voilure bien établie, la ligne à maquereau est rapidement mise à l’eau. C’est la pêche basique : une ligne montée d’un leurre et d’une mitraillette, une planchette type os de seiche. On déroule la ligne, et on laisse la ligne pêcher seule, ça laisse le temps de faire autre chose à bord. Le maquereau est un poisson assez tolérant sur la vitesse. Quand on navigue entre 2 et 6 nœuds, il daigne venir goûter à nos leurres. Si la brise s’établit et que la vitesse de Lord Jim grimpe à 7 ou 8 nœuds, alors on remballe le matériel et on remet la pêche à la traine à plus tard. Quand la ligne est à l’eau, on jette régulièrement un œil sur le sillage du bateau. Si un poisson mord, la planchette remonte à la surface. On est alors prévenu et on remonte le premier maquereau de la croisière. Un maquereau se baladant rarement seul, c’est vite une demi-douzaine de poissons qui atterrissent dans le seau. Poêlé à l’huile d’olive, ou cuit à l’eau de mer pour en faire des rillettes, le maquereau est toujours un régal et une excellente « mise en bouche » pour notre voyage à la voile.

La pêche à la voiles au lieu jaune dans l’archipel de Molène

Quand Lord Jim est sur la route de l’île d’Ouessant ou des îles Scilly, nous traversons bien souvent l’archipel de Molène. Une fois doublée la pointe Saint Mathieu, nous embouquons le chenal du Christ dans le sud de l’île de Béniguet. Ces parages rocheux sont le domaine du lieu jaune. Pour avoir de bonnes conditions de pêche, l’idéal est d’avoir un ciel couvert. Les heures de la fin du jour et celles du levé du jour sont les plus propices. Pour la pêche du lieu à bord de Lord Jim, nous utilisons la même ligne que pour celle du maquereau, si ce n’est que nous choisirons un leurre de type lançon artificiel ou un tubulaire rouge. Quand il y a un lieu au rendez-vous, il y en a souvent plein dans les parages. Les plus petits sont remis à l’eau, et si la taille minimale « maille » est de 30 centimètres, nous les prenons plutôt à partir de 40 cm.

Découvrir la saveur des algues marines de l’archipel de Molène

Tartares Bord à Bord

La pointe bretonne et plus particulièrement l’archipel de Molène, est la zone la plus riche en biodiversité d’algues au monde. Près de 800 variétés de ces algues macroscopiques cohabitent dans ces eaux pures et limpides. La Mer d’Iroise est chargée de la longue histoire des goémoniers qui venaient peupler tous les îlots durant la belle saison, pour récolter les algues et en extraire la soude douce. Aujourd’hui, elles sont cueillies à marée basse ou cultivées sur filières pour l’alimentaire. David et Soizic, les insulaires de Quéménez qui ont tenu la ferme auberge durant 9 années s’en sont fait une spécialité. Ils cultivent l’Alaria esculenta entre l’îlot de Litiri et Quéménez. Ce « wakamé breton » est un must que nous trouvons rarement lors des débarquements de l’équipage. Par contre la cueillette d’une poignée d’himenthalia, d’un peu de dulse, de nori, d’ulve est chose courante lors de nos débarques. Toutes ces saveurs marines trouvent avantageusement leur place dans la cuisine du bord. Et si vous faites la grimace à cette idée, courez acheter un pot de tartare d’algues de Bord à Bord dans le magasin bio du coin et goûtez ça. Vous ne serez pas déçu du voyage. Les algues cueillies à Quéménez servent à la fabrication de ce produit que nous avons toujours en stock à bord de Lord Jim !

La pêche à la voile au bar à la voile en mer d’Iroise, dans le Four et à la Pointe du Raz

pêche au bar à la voile

Parfois au retour de nos escapades en Mer Celtique, nous arrivons en avance dans ces chenaux aux courants violents que sont le Raz de Sein ou le chenal du Four. Alors pas de secret, il faudra attendre la renverse du courant. Ce sont de vrais passages à niveaux et l’on ne passe pas avant l’heure, dès que le coefficient de marée est conséquent. Par rapport au fond, nous faisons du sur place, même si notre vitesse sur l’eau peut atteindre 6 nœuds… C’est alors le moment idéal pour sortir les lignes à bar. Montées avec un gros plomb pour faire descendre le leurre bien profond, elles se terminent par un lançon artificiel. Dans le Trouz Yar, petit passage entre les roches sous la pointe du Raz, nous aimons tenter notre chance et prélever un ou deux bars de belle taille. Nous pouvons nous approcher des roches en restant bien vigilants. Quand le bar à mordu, plus que tout autre poisson, on le sent immédiatement, et il va se battre tout le temps que dure la remontée de la ligne. Attention à ne pas se piquer aux arêtes dorsales longues et affutées, une fois le poisson remonté à bord. Ensuite, il faut un peu de patience : le bar mangé très frais est dure et peu savoureux. Il faut patienter, et le laisser « vieillir » un minimum de 24 à 48 heures au frais avant de le cuisiner. Il n’en sera que meilleur. Nous n’avons pas de peson à bord et nous ne sommes pas là pour quelques records de pêche. Mais nous n’étions pas peu fiers, au mois de mai dernier, d’avoir remonté ce magnifique bar de 76 cm !

Croisière hauturière dans le Golfe de Gascogne et pêche à la voile du thon germon

peche au thon germon à la voile

Dans son programme de croisières, Lord Jim met régulièrement le cap au sud vers les côtes de La Galice et des Asturies. Sur la route de La Galice, à une centaine de milles nautiques de la pointe de Penmarc’h, les fonds marins plongent de 150 à 3000 mètres. C’est ce que l’on appelle la tombée du plateau continental. C’est là que se regroupent les bancs de thons germon en été et à l’automne. On reconnaît facilement ce poisson à ces deux longues nageoires ventrales. Alors sur la route du Cap Finisterre, nous filons ces lignes de surface, montées en gros diamètre avec des hameçons en acier galvanisé de la taille de la main. Un gros élastique sert d’amortisseur pour ces poissons qui peuvent atteindre les 60 kilos. Ok d’accord, c’est plus qu’il n’en faut pour l’équipage de notre humble Lord Jim. Mais en général, ce sont plutôt des thons de 6 kilos que nous remontons. Et en cas de grosse prise, ce n’est pas perdu car le thon se conserve bien, même hors du frigo, et en offrir aux uns et aux autres dans le port d’arrivée ouvre plus d’une porte ! La chair de ce poisson est tendre et grasse : un délice ! La pêche au thon à la ligne a été une longue tradition depuis les ports de Camaret aux Sables d’Olonnes et a donné naissance à de magnifiques bateaux de travail. Une fois Lord Jim bien amarré aux quais de ces petits ports espagnols, nous ne boudons pas le plaisir d’aller goûter aux spécialités locales dans les petits restos. Et question produits de la mer, les galicien sont du niveau. Poulpe à la galicienne, merluza à la plancha, coquille saint jacques à l’ail etc. : une croisière en Galice c’est un vrai voyage culinaire !

Une croisière à la voile au Scilly, au paradis de la crevette rose !

Bien sûr beaucoup d’entre vous, qui ont navigué dans l’archipel des Scilly, se souviennent de très belles pêches de lieus en tirant des bords entre les cailloux des Sorlingues, ou de pêches miraculeuses en passant à raser les western Rocks. Mais la grande particularité des eaux de l’archipel des Scilly, c’est le bouquet ! Autrement dit son exceptionnelle richesse en crevettes. Alors, quand une croisière aux Scilly est prévue à l’occasion d’un gros coefficient de marée, nous emportons les indispensables épuisettes. Une fois sur place, pendant que certains préfèrent visiter St Mary, Bryer ou Tresco, d’autres ont plaisir à aller fouiner sous les roches et dans le goémon. La crevette rose y vit en nombre… et en taille ! A l’heure de l’apéro, le bol est bien trop petit pour accueillir le fruit de la pêche du jour. Nous pouvons alors varier les recettes : crevettes cuites à l’eau de mer ou crevettes flambées au pastis, il y en a pour tous les goûts. Quand on part pêcher la crevette, il est rare que l’on ne ramène pas en plus quelques étrilles. Quant au homard, bien caché dans son trou, il vit bien souvent de pair avec le congre. Avec un croc, on le titille jusqu’à ce qu’il mette son nez dehors. Mais le congre peut être aussi “pêché” grâce à une bonne bouteille de Bordeaux à échanger avec quelques pêcheurs du cru !

Croisière plongée en apnée : la pêche aux images

Certains d’entre vous embarquent à bord de Lord Jim avec leur équipement de plongée en apnée. Les mouillages pendant la croisière sont l’occasion de découvrir le monde merveilleux des champs de laminaires et d’y rencontrer quelques phoques curieux et joueurs. Par petit coefficient de marée plonger dans l’archipel de Molène c’est un véritable éblouissement. Par contre le fusil harpon ne trouve pas sa place à bord de Lord Jim. En effet, nos escales se font pour beaucoup d’entre elles, dans des zones protégées comme le Parc Marin d’Iroise ou la Réserve Naturelle des Scilly. En dehors de ces zones, les réglementations locales nécessitent des permis spécifiques. Il reste la pêche aux images, et de ce côté-là, il y a de quoi faire ! Pour ce qui est de la plongée en bouteille, n’étant pas équipé à bord du matériel réglementaire (entre autre l’oxygène médicale), nous nous limitons à la plongée palme, masque et tuba. Cela étant dit, cet équipement suffit pour jouir du spectacle des couleurs des champs de laminaires, de la danse des phoques gris, et pourquoi pas, pour remonter quelques saint jacques ?

Voilà donc quelques-unes des nombreuses facettes des navigations à la voile proposées par Lord Jim Croisières. Loin des sorties pêche type pêche au gros, avec des cannes et des moulinets qui valent des fortunes, Lord Jim vous invite à « Larguer les pontons ». Et Juste pour le plaisir, au fil des navigations et des escales, nous profiterons du plaisir de pêcher pour prélever juste de quoi nourrir l’équipage et se régaler les papilles.