Ma navigation Irlande 2025, à la voile de Brest à Galway

Ce matin nous quittons l’abri de Baltimore, au sud-ouest de L’Irlande. C’est dans ce havre que nous avons atterri après une traversée d’une traite depuis Ouessant. Poussif sur la première partie du trajet, le rythme s’est accéléré, et c’est à 9 nœuds que nous avons doublé l’imposant amer de “Lot’s Wife” qui marque l’étroit accès au petit port de pêche que surplombe les maisons colorées. Et maintenant, en avant pour une navigation Irlande, à la découverte du Kerry, des îles Blasket, Skellig, Aran et bien plus encore !

Le Kerry navigation Irlande

Cape Clear Island

Jim se faufile dans le dédale d’îles et îlots. Étroits chenaux alambiqués desquels nous nous extrayons pour nous diriger vers Cape Clear. Sur la route nous mettons à la cape et plongeons la ligne par 12 mètres de fond. Le repas est vite assuré avec 5 lieus jaunes remontés à bord. Amarré au vieux quai de pierre de l’île de Cape Clear, au pied de l’imposante falaise, nous dégustons les filets de nos poissons “plus frais tu meurs”.

L’après-midi chacun vaque selon ses envies. Je pars en rando, à la découverte de l’immense crique ouverte au sud. Là aussi, un vieux quai de pierre y accueillait les navires. Pourtant très exposé à la houle d’ouest. Pour moi ce sera un petit bain de mer. Il fait étonnamment doux, l’eau est plutôt bonne. Moment divin. Puis je prends de la hauteur en foulant le sentier qui part vers l’est. Le phare du Fastnet apparaît au loin. Au bout du chemin, au sommet de l’île, son ancêtre : la tour du phare qui a précédé la construction du Fastnet. Une superbe visibilité permet d’embrasser les sommets de la côte sud et des îles de ce sud du Kerry. 

Le Fastnet navigation Irlande : un mythe !

7h, les fulmars boréals bien installés sur l’abrupte de la falaise regardent passer Jim. Éole n’étant pas encore réveillé, c’est le bon vieux Lister 4 cylindres qui propulse la coque noire vers le phare mythique. La belle courbure de cette tour qui s’évase en exposant ses hanches aux puissantes houles d’ouest grandit à vue d’œil. Attention en le doublant : une roche côtée à 2 mètres traîne à une encablure dans son nord. C’est sur son tombant que nous plongeons à nouveau notre ligne de pêche pour ne garder “que” les cinq plus beaux lieus qui feront les repas des jours à venir. Vider, tirer les filets et mettre au frais. C’est quand même bon de prélever sur place, ce qui fera nos repas.

Un léger souffle vient iriser la surface de l’onde. Le spi rouge se gonfle et nous tire vers la suite de nos aventures.

The cow, the bull : les îles sauvages

Mizen head, Sheep’s head, les caps qui marquent les entrées des “bay”, Dunamus, Bantry… mais les vents sont favorables et nous en profitons. Jim glisse, l’équipage cuisine… filets de lieu poêlés, riz, petits légumes… c’est qu’on mange bien à bord ! Sieste, mais quelques passages majestueux rameutent toute la fine équipe sur le pont : le rocher “the bull’, percé à sa base d’une arche dans laquelle on passerait… bon sans le mât d’accord… tout en puissance le mastodonte.

Des Skellig à Horse Island

Et déjà apparaît la silhouette de Skellig mais il nous faut encore plusieurs heures pour y parvenir. L’île sortirait tout droit d’un film d’aventures. D’ailleurs des scènes de “Star wars » y ont été tournées”. Nous y distinguons nettement les habitats des moines qui y élurent domicile, sorte d’igloo de pierre. Assez radical comme isolement. En d’autres occasions, des équipages de Lord Jim ont pu y débarquer. Aujourd’hui la houle est trop forte, et nous allons à la recherche d’un mouillage où faire relâche pour la nuit. Ce sera à l’abri de Horse Island, sous les ruines d’une tour et d’une abbaye. Mais l’équipage armé de son courage gonfle le dinghy en deux temps trois mouvements et part à l’aventure… à la recherche d’un Pub !

Dingle : escale musical – navigation Irlande

Dimanche. Nous venons nous amarrer dans le port de Dingle et profitons d’une des rares escales avec le confort des marinas. Allez on l’avoue : ça a du bon aussi. Mais l’intérêt du port ne s’arrête pas là : Dingle est un haut lieu de la musique irlandaise et ses Pubs ont du chien ! Musique live à presque toutes les adresses. Il est bon de faire la tournée, bon sans prendre une pinte à chaque adresse : et quand on tombe sur une formation voix guitare Fiddle qui vous remue les trips, alors on oublie l’heure et on se laisse emporter jusque tard dans la nuit…

Vers Aran : 

Changement d’ambiance : pluie, visibilité très réduite. Nous prenons notre temps au port. Lessive, bouquin, fish and chips en ville mais larguons tout de même les amarres en fin de journée. Le sale temps nous a fait faire une croix sur l’escale aux Blasket, mais comme les changements de programme sont la spécialité du capt’ain, nous venons nous amarrer sur un coffre de Great Blasket. Ambiance incroyable de l’île et de son “village” qui se laisse contempler entre deux passages de purée de pois. Là, sur le sable, une colonie de phoques d’environ 300 bêtes a élu domicile. Les plus jeunes viennent faire les curieux et leurs grands yeux regardent les drôles d’animaux que nous sommes…

Après un bon repas chaud, nous déroulons le gennaker, la Grand voile reste serrée sur son espar : configuration confortable et efficace pour la nuit à venir. Grand largue dans une mer bien formée et une visibilité très réduite. C’est à 8 heures du matin que nous nous glissons entre Inishmore et Innisman pour aller trouver abri à Kilronan. Il pleut, et l’équipage plonge à la bannette pour avoir son content d’heures de sommeil. 

Inishmore – navigation Irlande

C’est la magie de l’Irlande : l’ambiance peut changer en quelques heures. Et c’est sous un grand soleil que nous partons à la découverte de Inishmore, la plus grande des îles Aran. A pied pour les uns, à vélo pour les autres. Mais le clou est pour le lendemain matin. Alors que tout l’équipage est encore dans les bras de Morphée, Yann hisse la grand voile et vire l’ancre. Jim prend de la vitesse et longe la côte nord, sous les innombrables murets de pierres sèches ajourés qui quadrillent l’île. Un café avalé et l’ancre plonge sur fond de sable à Portmurvy.

Nous débarquons et marchons les deux kilomètres de sentiers rocailleux qui nous mènent au site hallucinant de Dun Aengus. Aux lumières du matin, perchés en haut d’une falaise vertigineuse (87 mètres totalement vertical) nous restons sans voix… mais pas sans musique car la clarinette de Yann était bien cachée au fond de son sac, et quelques petits morceaux viennent parachever la magie du moment. De là haut, le regard porte loin à l’horizon, et je me prend à rêver d’une prochaine navigation à la découverte de la Galice !

Inisheer

Autre escale remarquable sur notre croisière irlandaise : Inisheer. La plus petite des îles d’Aran, mais aussi la plus proche de la côte… même si imaginer les traversées qui se faisaient jadis à bord de Curragh (bateau traditionnel d’Irlande) laisse un peu pantois. L’on y trouve abri des vents de sud ouest et débarquons sur une belle plage de sable couleur Caraïbes. Le son d’une session de musique irlandaise au Pub nous rappelle où l’on est, au cas où…

Une rapide ascension au château qui domine le hameau puis une escapade vers la pointe est où gît une fantastique épave, toute vêtue d’une coquette robe rouille. En arrière plan, les falaises de Moher ont elles vêtu leurs couleurs du soir : vert au-dessus, deep purple en-dessous…

Galway prononcez “golway”

Dernière escale de notre virée irlandaise, c’est là que nous nous séparons, non sans avoir profité encore d’une belle session musicale et du spectacle des “galway hooker” venant virer devant les vieux docks aux lumières du soir…

Un voyage et un équipage merveilleux qui restera gravé dans ma mémoire. Nous confions ce Jim auquel on s’attache à l’équipage montant. Ils feront la route vers Brest. Nous leur souhaitons un aussi bon voyage que celui que l’on vient de vivre.